Labryan, le sage

Assis dans une posture nonchalante derrière le pupitre tandis que les élèves s'installaient pour leur cours, leur maître, le sage de Catharsis, lisait un conte populaire de Vesperae. Derrière son attitude de jeune homme désinvolte, renforcée par sa sempirternelle tunique de guerrier couleur de boue et sa longue chevelure blonde comme les blés nouée en catogan, nul ne se méprenait : les élèves avaient bel et bien affaire à l'homme dont leur Orateur vantait tant les préceptes, et dont la sagesse n'était pas à contester.

Voyant que l'auditoire était prêt à l'écouter, le maître prit la parole.


Le cours d'aujourd'hui sera bref : la sagesse consiste à faire ce dont on a envie, quand on en a envie. Pour l'heure, je préfère lire mon livre que débiter un flot de paroles qui ne serviront à rien d'autre qu'à vous induire en erreur.


Il se replongea aussi net dans sa lecture, impassible. Interloqués, les élèves se concertèrent du regard ; effectivement, ce jeune blanc-bec qui se trouvait en face d'eux avait l'air de véritablement penser ce qu'il venait de dire.


Mais... Maître, intervint un des disciples. Nous avons atteint le second cycle de notre apprentissage de templiers. Ce que nous avons appris jusque-là était... Différent. Parlez-nous de nos codes d'honneur, expliquez-nous ce que nous devrons faire une fois en action.


Le sage se gratta le nez, et, regardant l'élève d'un oeil distrait, lui répondit d'un ton neutre, comme s'il s'agissait d'une évidence.

Fais ce que bon te semblera. Si tu tiens à être un paladin comme dans les stéréotypes, défends la veuve et l'orphelin, ou tente de convertir les âmes en peine. Si tu veux céder à ta pulsion primaire, tue les faibles et opprimés en prétendant qu'ils ont été mauvais dans une vie antérieure selon le grand Vanilius. Sache que quelqu'un de véritablement bon et pacifique s'empresserait de jeter ses armes aux oubliettes et de renoncer au titre de Templier, chose qu'aucun de vous ne fera... Je l'espère. Combattre est un mal pour un bien. Je vous laisserai libre juges de vos actes... Tant que vous respecterez ces trois règles d'or :

-N'offensez jamais le grand Vanilius par un acte de bassesse, comme fuir un combat que vous avez engagé.
-Ne portez jamais atteinte à la réputation de notre Eglise par des paroles prononcées de trop vive voix. Un noble guerrier n'a pas à se réduire à ces vilennies comme seul moyen de défense.
-Et enfin, agissez à votre guise en ce qui concerne vos actes, nom de Vanilius !

Je serais ébahi que l'un d'entre vous ose prétendre au titre de guerrier s'il ne respectait pas ces principes. Ce serait une véritable insulte aux chevaliers digne de ce nom, et je le prendrais comme un affront personnel, pour l'éducation que je vous ai apportée à chacun !


Le maître reprit sa lecture, n'ajoutant pas le moindre mot, laissant ses disciples réfléchir au sens de ses paroles.

La rumeur disait que Labryan était un jeune guerrier arrogant et désinvolte mort au combat il y a de cela des siècles. Incapable de trouver la paix dans la défaite, son âme avait erré parmi les vivants à leur insu. Le grand Vanilius, dans sa clémence, lui avait accordé un retour à la vie afin que, fort de la sagesse acquise durant sa mort et de sa philosophie, Labryan éduque les futures générations de templiers de l'Eglise de Catharsis. Ce n'était qu'une histoire que les élèves chuchottaient à son passage, mais qui sait ? Tout mythe se base sur une part de vérité...

Une suite ?j'aime beaucoup

Beaucoup d'humour, j'aime !
Juste une remarque, (cela m'a d'ailleurs surpris de ta part) "[...]posture nonchalente [...]" nonchalante s'écrit avec un A pas un E non?

Oui, faute de frappe. Je fais souvent mes textes le dimanche soir avant de partir pour le train (je ne travaille que sous pression), je prends pas le temps de me relire, ils sont toujours mis à jour dès la semaine suivante. Une mise à jour de la deuxième moitié de "La femme en rouge" va voir le rouge... Heu, le jour, je n'en suis pas satisfait du tout après relecture, à part de la toute fin.